Terre de sel, sous le sol de cristal éclatent des merveilles de couleurs. Du versant, sacrifié au Soleil, jusqu\'aux rives blanches de la Mer Morte, le chant de la tempête, complainte oubliée, implore les spires de vent. Un homme porte un fardeau d\'années trop longues sur ses épaules osseuses, un serpent rampe sur son dos tanné et enroule une planète d\'encre. Son pas lent et régulier trace un sillon dans les dunes de rouille et une canne de fer grossière éloigne les esprits aîlés et trompeurs qui jonglent avec les mirages. Des anges et des djinns se disputent les quelques chapelles qui jalonnent son chemin, et il s\'y arrête à chaque fois un instant. Le même rituel immuable, les mains prennent de l\'eau à sa gourde et rafraîchissent les êtres de pierre ou de bois, aspergent les chardons ou les hyacinthes. Des empires sont tombés et d\'autres ont jailli du sable, il n\'a pas compté les jours, seulement les étoiles qui sont apparues pour ponctuer les lignes de ley, et les déviations du sahel. Parfois des lézards voyagent avec lui d\'une frontière à l\'autre, s\'insinuent dans sa capuche usée, et abandonnent un augure favorable à ses allers et retours. En guise de passeport, le vagabond présente aux regards curieux un croissant de jade ou une croix d\'argent, parfois des ankhs ou des lotus séchés, ou même de l\'or et des secrets, mais l\'eau du puit de gemme n\'intéresse que les gardiens des sentiers. Les champs dorés et les pays rongés d\'Océan se disputaient encore lorsque sa route fut surprise par la plus haute des falaises, qui déclamait son orgueil aux premiers nés parmi les nuages. Les peuples d\'oiseaux blancs et libres, depuis toujours perchés sur le roc ami, ont d\'un accord tacite emmené le plus proche des leurs au gré des courants d\'eau et de ciel. |